Le recyclage prolonge la séquestration du carbone

Recyclage : produire tout en éliminant

Le recyclage contribue à la réduction de l’effet de serre du fait de sa nature duale : moyen de production d’une part et moyen de traitement des produits usagés d’autre part.

La caractéristique principale du recyclage dans la sphère production est qu’il consiste à “régénérer“ une fibre utilisée, qui a déjà été extraite de la ressource naturelle. C’est donc une opération industrielle plus “légère“ que celle qui consiste à extraire la matière d’une ressource à prélever dans la nature. Le recyclage évite toutes les opérations initiales de prélèvement et d’extraction et par conséquent toutes les consommations et émissions qui leur sont afférentes.

Le recyclage conduit également à éviter les consommations et les émissions afférentes au traitement des déchets puisqu’il contribue à résoudre le problème des produits usagés devenus inutiles au même titre que l’incinération (avec ou sans récupération d’énergie), le compostage ou la mise en décharge.

Recyclage : création d’un réservoir de fibres et de carbone en expansion

Sur la base d’une injection constante de fibres neuves, une expansion de la quantité de fibres disponibles va être assurée par le recyclage créant un réservoir permanent de fibres disponibles sans cesse renouvelées. Ce réservoir de fibres, sans cesse renouvelées, constitue un stockage permanent et croissant de carbone contribuant ainsi à la réduction de l’effet de serre dans une logique de satisfaction de besoins croissants.

Il ne faut cependant pas opposer production de fibres neuves et production de fibres recyclées. En effet, pour un niveau de besoin déterminé, le recyclage ne peut contribuer à le satisfaire qu’avec une injection permanente de fibres neuves du fait de la perte obligatoire au niveau de l’utilisation, de la collecte et du tri.

Recyclage et énergie : des émissions évitées

La contribution de l’opération de recyclage à la réduction de l’effet de serre est essentiellement liée à des réductions de consommation d’énergie en fonction du modèle énergétique considéré (en particulier poids de l’énergie nucléaire dans la consommation d’électricité, choix du combustible pour produire la vapeur, …). Il convient d’y ajouter une réduction des consommations d’adjuvants utilisés pour améliorer le papier ou le carton (ex : amidon …). Ces réductions d’émissions résultant du recyclage sont étroitement liées au type de papier fabriqué et de papiers-cartons usagés à recycler.

Au niveau de l’élimination, l’impact évité est étroitement lié au modèle de gestion des déchets considéré (place de l’incinération avec récupération d’énergie, techniques utilisées, place et type de décharge…), sachant que le rôle des transports, souvent mis en avant, doit être relativisé. En effet, la chaîne de recyclage est une chaîne de gestion de déchets : les produits collectés auraient dû être collectés, les produits triés auraient dû être triés pour une large part pour optimiser les autres types d’opération et le tri en lui-même est de toute façon faible consommateur d’énergie. Les consommations supplémentaires d’énergie traduisent le plus souvent un manque d’optimisation des modes de collectes.

Quant à la comparaison incinération/recyclage, il faut rappeler que le contenu énergétique du produit recyclé est intact et reste récupérable. Plus important, récupérer prioritairement l’énergie des papiers et cartons usagés conduirait à supprimer le stockage de carbone, accroître le prélèvement sur les ressources naturelles et produire généralement moins d’énergie que celle économisée par le recyclage. C’est pourquoi la boucle énergétique doit occuper le second rang des boucles de récupération, le recyclage matière occupant le 1er rang.

Recyclage et effet de serre : en conclusion

Le recyclage constitue un facteur de la gestion durable des forêts et des déchets. Il permet la constitution d’un réservoir de carbone contribuant ainsi à la réduction de l’effet de serre. Son développement dans l’industrie papetière a permis de passer d’un modèle d’économie linéaire à un modèle d’économie cyclique, imité de la nature : l’économie en boucle ou encore économie circulaire.

C’est pourquoi, il faut considérer que ces questions globales (effet de serre, changement climatique…) nécessitent une approche elle-même globale de l’industrie à travers les boucles de valorisation qu’elle a su développer tant au niveau des usines de pâte ou de papier (énergie, matière, déchets) qu’à celui du secteur industriel dans son ensemble (chutes de transformation, produits usagés...).